VOD : Persuasion – Avis +/-

Présentation officielle

L’homme séduisant qu’Anne Elliot a été forcée d’éconduire huit ans auparavant refait irruption dans sa vie. Saisira-t-elle cette seconde chance de vivre le grand amour ?

Avis de Claire

Depuis l’annonce de cette adaptation du classique de Jane Austen par Netflix, qui surfe vraisemblablement sur le succès des period dramas tels que La Chronique des Bridgerton, on attendait fébrilement de voir ce que cela pouvait donner, car les différents échos étaient peu encourageants. La plupart des médias n’hésitaient pas à qualifier le film de « comédie romantique », ce que Persuasion n’est pas, et n’a jamais été. De plus, la bande-annonce révélait plus une Elizabeth Bennet, fantasque et espiègle, qu’une Anne Elliot, plutôt effacée et discrète.

Fait intéressant, le film est mis en scène par une femme, c’est assez rare pour être remarqué, les deux dernières adaptations austeniennes sont donc réalisées par des femmes[[Emma d’Autumn de Wilde (2020)]]. C’est en effet le premier film de Carrie Cracknell. La réalisatrice de 42 ans vient du théâtre, où elle mène une brillante et impressionnante carrière depuis plus de vingt ans. Au scénario, on retrouve l’actrice Alice Victoria Winslow, ainsi que le vétéran hollywoodien Ron Bass, Oscar du meilleur scénario original pour Rain Man (1988).

Enfin, côté casting, quelques appréhensions ont été exprimées ici et là concernant le choix de Dakota ‘Anastasia Steele’ Johnson, ou encore celui de Cosmo Jarvis en Capitaine Wentworth (nous, on l’avait trouvé particulièrement impressionnant dans The Young lady, avec Florence Pugh en 2017). Comme dans La Chronique des Bridgerton, l’accent est mis sur la diversité, on note la présence de l’Eurasien Henry Golding ou de l’actrice d’origine nigérienne Nikki Amuka-Bird.

Ce roman de Jane Austen, Persuasion, est souvent le préféré des amateurs de la romancière anglaise, bien plus que le populaire Pride and Prejudice. Il s’agit là de son tout dernier roman achevé, mais publié à titre posthume, en 1818, la même année que le Frankenstein de Mary Shelley. Le titre n’a été choisi par la romancière, mais par son frère Henry. Jane Austen, elle, en parlait comme de The Elliots. Ecrit alors qu’elle était gravement malade, le roman se teinte volontiers d’une grande mélancolie, malgré son indéniable happy end.

Après ce long développement, et mise en contexte, venons-en à l’intrigue. Le parti-pris est donc celui d’une comédie romantique, avec une Anne Elliot qui n’hésite pas à interpeller le spectateur, ce qui est assez déstabilisant. Anne est une jeune femme sensible, douce, timide, très dévouée à sa famille, qui use et abuse de manière éhontée de son extrême gentillesse. C’est d’ailleurs le prétexte tout trouvé à nombres de scènes cocasses. Richard E. Grant incarne un parfait Monsieur Elliot, pédant à souhait, tandis que les soeurs sont de véritables têtes-à-claques. Anne pense rarement à elle et n’a d’autre souhait que de contenter son entourage, quel qu’en soit le prix ou les sacrifices.

C’est la raison pour laquelle, il y a huit ans de cela, elle a décliné l’offre de mariage d’un jeune homme dont elle était pourtant amoureuse, Frederick Wentworth, car il était sans le sou. Pourtant, quand Frederick revient, auréolé de son grade de Capitaine, et d’une petite fortune, Anne n’ose rêver qu’il l’aime encore. Tout l’enjeu de l’intrigue va donc être de guetter le moindre signe l’attachement (ou pas ?) de Frederick pour celle qui l’avait si lâchement éconduit. L’alchimie entre les acteurs est essentielle. Cosmo Jarvis et Dakota Johnson relèvent-ils le défi ?

Puristes, passez votre chemin, on préfère vous mettre en garde, Netflix lorgne indéniablement dans la direction de son méga-succès des Bridgerton, en prenant beaucoup trop de libertés vis à vis du roman, multipliant les anachronismes, les fautes d’étiquette, ou simplement de savoir-vivre de l’époque. Comment ? un jeune homme, une jeune fille, pas de chaperon ? Comment ? on s’embrasse à pleine bouche dans la rue au vu et au su de tous ? On ne demande pas à une adaptation d’être fidèle à la lettre, mais il faut avouer qu’on a toujours quelques attentes (justifiées) quand il s’agit d’une adaptation d’un tel classique de la littérature.

Fans non exigeants de period dramas, vous y trouverez peut-être votre compte, surtout si vous êtes un adepte de la chute du quatrième mur, pour les autres (et sans doute le plus grand nombre), passez votre chemin!

Fiche technique

Sortie : 15 juillet 2022
Durée : 107 minutes
Avec : Dakota Johnson, Cosmo Jarvis, Henry Golding, Richard E. Grant, Nikki Amuka-Bird
Genre : comédie romantique
Plateforme : Netflix