Victor – Avis +

Présentation officielle

Nous sommes en 1950. Victor (Grégory Gadebois) sort de prison. Il a accepté de purger une peine en lieu et place de son ami Marc (Eric Cantona), héros de guerre, désormais homme d’affaires brillant et indélicat, par amour pour Françoise (Caroline Silhol), la femme de Marc.

L’amitié virile, le grand amour, l’argent brûlant vont précipiter ce trio charismatique dans une ronde à perdre haleine, magistralement orchestrée
par Henri Bernstein au sein de cette France de l’après-guerre vivante et meurtrie.

Avis d’Artémis

Ecrite par Henri Bernstein en 1950, Victor est une pièce au casting admirablement choisi, servi par une troupe qui donne le meilleur et mis en scène avec perspicacité et finesse par Rachida Brakni. Parlant certes d’un autre temps, l’histoire interpelle et les personnages nous embarquent complètement dans leurs destins.

Au premier rang de ceux-ci, Grégory Gadebois est tout simplement fabuleux dans le rôle de Victor, et il porte la pièce de bout en bout. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, retenez son nom ! Grégory Gadebois est un ancien pensionnaire de la Comédie française, récompensé d’un César en 2012, et qui a fait sensation pour sa performance dans la pièce Des fleurs pour Algernon, pour lequel il a reçu un Molière en 2014.

Le comédien joue avec beaucoup de subtilité, de délicatesse, d’intelligence et touche le public au cœur. On rencontre Victor à sa sortie de prison : il y a purgé une peine pour un autre, geste chevaleresque – ou sacrifice – qu’il a fait par amitié et par amour, apprend-on bientôt. En effet, Victor est un homme au grand cœur, honnête et pour qui la parole donnée a une valeur immense.

Victor est tombé amoureux de Françoise, la femme de Marc, un de ses meilleurs amis. Mais Françoise (Caroline Silhol) déclare ne plus aimer son mari et elle est prête à le quitter pour vivre avec Victor. En revanche, Marc (Eric Cantona), n’est pas prêt à la laisser partir, que ce soit par amour ou par orgueil, caractéristique de ce personnage.

Caroline Silhol, pleine d’élégance, rend admirablement le conflit interne au personnage et sa détresse. Car nous sommes en 1950 et une femme mariée n’a aucune possession. Elle est dépendante de son mari à bien des niveaux. Inégalité aussi dans la fidélité conjugale : que le mari aille conter fleurette hors du couple est considéré par lui comme un droit, un non-événement. Mais que sa femme puisse faire de même est tout simplement inimaginable et inacceptable…

Dans le rôle de l’homme qui accepte que son ami Victor fasse de la prison à sa place et mari de Françoise, Eric Cantona. L’ancien sportif confirme une fois encore qu’il a toute sa place sur scène. Le comédien a une présence en scène indéniable, et donne au personnage une belle autorité. La partition n’est pas aisée d’ailleurs, car Marc est un personnage complexe, brillant professionnellement, mais dont l’arrogance se mêle à un égoïsme certain.

Nous ne parlerons pas trop du personnage interprété par la jeune Marion Malenfant pour ne pas vous dévoiler trop de l’intrigue, mais il faut souligner la fraîcheur et la joie de vivre naturelles qu’elle dégage. Et comme en contrepoint au personnage d’Eric Cantona, celui de Serge Biavan, un ami que Victor a rencontré en prison, dégage une belle bienveillance, tout en exprimant la rédemption et en apportant un équilibre que Marc n’a pas et que Victor peine à trouver.

N’hésitez pas un instant, cette pièce mérite vraiment le détour !

Fiche technique

Pièce de : Henri Bernstein
Avec : Caroline Silhol, Eric Cantona, Grégory Gadebois, Serge Biavan et Marion Malenfant
Mise en scène : Rachida Brakni
Durée : 1 h 45
Lieu : Théâtre Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris
Représentations du mardi au samedi à 21 h, le dimanche à 17 h
Jusqu’au 15 novembre 2015
Prix : de 15 € à 42 €
Réservations : 01 43 87 23 23
Site officiel du théâtre

Copyright photos : Photo Lot – Théâtre Hébertot

La bande-annonce du spectacle :