Vis ma vie d’éleveuse de porcs

Attention : toutes les photos et vidéos dans cet article ne proviennent pas de l’élevage que j’ai visité mais reflétent parfaitement ce que j’ai vu.

Aimer les animaux au point de vouloir en faire son métier ? C’est le rêve de beaucoup de passionnés ! Hélas, auprès des animaux de compagnie les débouchés sont peu nombreux… alors pourquoi ne pas découvrir les métiers de l’élevage agricole, plus particulièrement de l’élevage porcin qui offre beaucoup d’emploi dans ma région en Bretagne ? C’est ce que j’ai fait en effectuant un stage dans un élevage porcin :

1er contact : Ça y est je jubile ! Je suis devant la porte qui donne sur le bâtiment des truies, je vais enfin rencontrer ces animaux adorables que sont les cochons. J’entre, mes difficultés à respirer à cause de l’odeur et de la mauvaise ventilation m’empêchent de voir ce qu’il y a autour de moi, je reprends mes esprits et là c’est le drame ! Je constate que les truies sont dans des enclos individuels où elles ne peuvent pas bouger, juste se coucher et se lever si elles ne sont pas trop grasses. Elles disposent d’un abreuvoir à l’avant et d’un trou à l’arrière pour les excréments, elles sont sur des grilles.

Je sens la tristesse et les larmes monter en moi, mais il faut que je me ressaisisse pour aider les éleveurs dans leur tâche qui consiste à déplacer les truies d’une stalle à l’autre afin de les classer par leur épaisseur de graisse.
Leur méthode… mettre des claques dans les yeux de la truie afin de la faire sortir, je constate alors les difficultés qu’éprouve la truie pour marcher dues à son absence d’activité et au sol glissant enduit d’excréments. La plupart ont des panaris aux pattes, des escarres et des lésions sur la peau causées par la gale, ce qui est très inconfortable. Des injections assez douloureuses sont faites sous la queue des femelles bientôt prêtes à mettre bas pour éviter de contaminer les petits.

2ème étape : les porcelets. C’est le moment de voir les truies avec leurs petits, j’essaie d’oublier ce que j’ai vu avant et me rassure en me disant que de voir les porcelets me mettra un peu de baume au cœur. J’entre dans la salle, je vois les petits téter leur mère à travers une cage, je m’avance un peu plus dans l’allée et là quelque chose au sol me fait trébucher. Je baisse les yeux… c’est le cadavre d’un porcelet laissé là, sûrement mort-né ou écrasé par sa mère. C’est triste mais après avoir vu ce qu’on fait aux porcelets après leur naissance finalement, je me dis que ceux qui meurent avant ont de la chance.

Dès ses premiers jours voilà ce qui attend le porcelet :

– coupe des dents = pour éviter qu’il abîme les tétines de sa mère.
– ablation de la queue = pour éviter le cannibalisme entre porcelets qui n’ont que ça comme distraction.
– castration (extirpation des testicules) = soit disant pour éviter une odeur à la viande liées à la production d’hormones.

Vous devez sûrement penser que cela se fait sous anesthésie avec des règles d’hygiène strictes. Et bien non, tout cela est fait « à l’arrache » dans les allées des enclos sans anesthésie. Je n’ai assisté qu’à une castration. L’éleveur attrape un porcelet par la patte arrière, le coince entre ses genoux, les testicules étant internes chez le cochon il incise profondément la peau avec une simple pince coupante et arrache l’intérieur des testicules, les balance par terre, un peu de produit sur les plaies et hop on rebalance le porcelet avec ses frères et sœurs dans son enclos. Évidemment, pendant cet acte le porcelet hurle de douleur et se débat de toutes ses forces.

Les éleveurs disent que c’est pour leur bien être et qu’ils ne souffrent pas…

Voilà un petit reportage qui permet de mieux comprendre (attention les images peuvent choquer) :

vidéo élevage porcelets

Les mâles au bout de 6 mois sont envoyés à l’abattoir, les femelles vivent environ 3 ans et servent d’usine à porcelets avant d’être abattues. C’est donc la triste réalité de l’élevage de porc conventionnel, le plus courant en France, le but étant de faire un maximum de profit au moindre coût. La majorité des marques vendant du porc, donc la majorité de la viande que nous trouvons dans nos assiettes est issue de ce type d’élevage.

Malheureusement, ce que j’ai vu n’est qu’une petite partie de la barbarie et des atrocités que l’on fait subir aux animaux de ferme.

On m’a conseillé d’assister à la traite des vaches qui, paraît-il, sont mieux traitées. Et là j’ai pu assister à une scène de violence assez terrible. Les éleveurs frappaient violemment les vaches à coups de bâton dans la tête et dans les flancs afin de les faire entrer dans leur nouvelle salle de traite. Ils utilisaient aussi un instrument appelé « aiguillon électrique » permettant d’envoyer des décharges électriques à l’animal. Le plus choquant c’est que les éleveurs riaient de bon cœur à frapper les vaches.

Ils ont quand même essayé de se justifier en me disant que c’était exceptionnel, qu’ils ne font pas ça d’habitude, c’est parce qu’ils essaient une nouvelle machine, les vaches craignent d’y entrer, donc il faut les pousser un peu. Je leur ai donc demandé si il n’y avait pas des méthodes plus douces et ils m’ont répondu qu’ ils n’avaient pas le choix car les vaches sont têtues.

Pour les éleveurs tout ça est normal, tout est fait pour le bien-être de l’animal, ils veulent faire croire qu’ils ont des sentiments pour leur animaux, mais ils en ont plus pour leur porte–feuille !

Mon stage devait durer deux semaines, je n’ai tenu que 2,5 jours…

Petit point positif dans toute cette horreur, beaucoup d’associations de protection des animaux se battent pour faire changer les lois portant sur l’élevage des animaux de ferme, notamment sur l’obligation d’anesthésier les porcelets pendant la castration. Voici le site d’un groupe qui a pour mission de mettre un terme aux souffrances qu’endurent nos amis les cochons :

Site Pigs in Pain