Vive le E-cinéma !

Les festivaliers de rencontres cinématographiques le savent bien : de nombreuses pépites, des films géniaux au scénario brillant et/ou interprétés par des acteurs connus et talentueux, ne seront pas achetés par les distributeurs, et ne sortiront pas en salles, car insoumis aux règles édictées par les grands groupes.

Toujours dans un souci de profits prédictibles, on rentabilise les salles obscures au point où on élimine toute originalité. Netflix a contourné le problème pour la télévision et maintenant, en France, E-cinéma.com s’apprête à faire la même chose sur le terrain des salles obscures.

Alexander Payne le confiait lors de sa master-class pour le film Downsizing (un modèle en terme de narration non-conforme à ce que l’on observe à Hollywood), quel bonheur de pouvoir déroger à la sacro-sainte loi des 3 actes qui a tant calibré tous les films en une recette immuable et ennuyeuse !

Cet eugénisme intellectuel conduit le spectateur à non seulement revivre sans cesse la même histoire possédant une construction répétitive, mais surtout à tuer dans l’œuf toutes velléités de changement, de diversité ou d’originalité.

Le staff de E-cinema.com[[Bruno Barde, Audrey Pulvar, Frederic Houzelle, Roland Coutas et Thomas Thévenin]], à l’instar de Netflix auparavant, va agir comme un nouveau distributeur sur le marché du Septième art, mais avec un avantage et un inconvénient : la dématérialisation de la place de cinéma.

En ôtant de l’équation le chiffre de copies nécessaires, le nombre de salles ou leur éparpillement sur le territoire, ils peuvent se permettre d’acquérir un film qui a priori ne toucherait que 200 000 spectateurs sans jeopardiser leurs résultats.

De plus, en achetant des contenus exclusifs, ils choisissent eux-mêmes la date de sortie en « s’affranchissant de la chronologie des médias » qui impose qu’un film sorti en salles ne puisse être diffusé en VOD que 36 mois plus tard.

E-Cinema.com va suivre une ligne éditoriale non plus fixée sur le profit, mais sur le plaisir, ce qui est capital lorsqu’on parle de divertissement. Cette mini-révolution va faire un bien fou au film de genre, et agira comme un complément aux salles obscures, non comme un remplacement.

Le premier film à ouvrir le bal, le 1er décembre 2017, est Outrage Coda de Takeshi Kitano. Il sera proposé une version VOST ou VF. Chaque semaine, un nouveau film s’ajoutera (52 films par an, donc) sans enlever les précédents. L’utilisateur aura le choix de la séance à la demande ou par abonnement. Et comme le dit Thomas Thévenin, directeur marketing du concept : « Vendredi est le nouveau mercredi« , cela fait deux fois plus de surprises pour les amoureux du cinéma !

On souhaite longue vie à E-cinéma.com, à la diversité, la différence et l’originalité !