Whatever works – Avis +

Résumé

Boris Yellnikoff est un génie de la physique qui a raté son mariage, son prix Nobel et même son suicide. Désormais, ce brillant misanthrope vit seul, jusqu’au soir où une jeune fugueuse, Melody, se retrouve affamée et transie de froid devant sa porte. Boris lui accorde l’asile pour quelques nuits. Rapidement, Melody s’installe. Les commentaires cyniques de Boris n’entament pas sa joie de vivre et peu à peu, cet étrange couple apprend à cohabiter. Malgré son esprit supérieur, Boris finit par apprécier la compagnie de cette simple jeune femme et contre toute attente, ils vont même jusqu’à se marier, trouvant chacun leur équilibre dans la différence de l’autre.

Un an plus tard, leur bonheur est troublé par l’arrivée soudaine de la mère de Melody, Marietta. Celle-ci a fui son mari, qui l’a trompée avec sa meilleure amie. Découvrant que sa fille est non seulement mariée, mais que son époux est un vieil excentrique bien plus âgé qu’elle, Marietta s’évanouit. Pour détendre l’atmosphère, Boris emmène Melody et sa mère au restaurant avec un ami, Leo Brockman…

Avis de Marnie

Le ton et le style de cette comédie douce-amère sur les relations hommes et femmes est si proche de Play it again Sam (Tombe les filles et tais-toi – 1972) que nous ne sommes pas surpris d’apprendre que le scénario ait été écrit au milieu des années 70, pour le génial acteur Zero Mostel, victime du MacCarthisme, à qui Mel Brooks offrit son plus grand rôle dans les producteurs. Ce n’est pas anodin si le héros se fait traîter de communiste, s’il est paranoïaque et que son bagout et son verbiage irritent aussi bien qu’ils fascinent ses « victimes » !

Il a fallu des années à notre scénariste-réalisateur pour trouver un remplaçant digne de ce nom… en la personne de Larry David, inconnu pour beaucoup en France, il est le maître d’oeuvre (scénariste, producteur) de la série Seinfeld, et se met en scène dans sa propre série obsessionnelle Larry et son nombril. Pour ceux qui ont pu voir certains des épisodes, il est passionnant de constater à quel point ici, il s’empare avec brio de l’univers bien particulier et des tics de Woody Allen tout en gardant sa propre personnalité, son cynisme, son caractère et son ton si singulier. Ce mélange détonnant provoque très vite la fascination chez le spectateur devant le spectacle drolatique et pathétique que nous offre ce cinquantenaire dépressif, hargneux, misanthrope, qui déteste les clichés mais qui tombe à pieds joints dedans… avec un charme désarmant !

Pour lui donner la réplique, la jeune et prometteuse Evan Rachel Wood s’en donne à coeur joie dans un rôle d’adorable idiote franchement irrésistible. Les personnages secondaires sont comme toujours avec Woody Allen formidablement bien trouvés. Ainsi, l’évolution de la piquante Patricia Clarkson sonne juste, ce qui permet à cette excellente actrice de nous offrir plusieurs facettes de son talent. Ed Begley Jr est égal à lui-même… pompeux, stupide et désopilant ! Il faut noter aussi l’apparition d’un très bon acteur Christopher Evan Welch (vu également dans le précédent film de Allen, Vicky Cristina Barcelona) au physique passe-partout et au jeu très naturel… qui se permet de lancer la phrase qui deviendra culte dans ce film !

Pour ce nouvel opus, Woody Allen retrouve ses bienheureuses obsessions, soit : « Et Dieu dans tout cela ? ». Tout est-il écrit ou bien la chance contrôle tout ? L’homme et la femme peuvent-ils se comprendre ? Vivre ensemble ? Le verbiage pourtant si étudié, écrit, soigné nous enchante par ses traits d’esprits, son intelligence, son humour qui touche au but une réplique sur deux. Finesse, douce amertume, optimisme, légèreté… un pur plaisir ! De plus, Woody Allen n’est jamais aussi bon que lorsqu’il tourne chez lui. New York constitue une partie intégrante de la distribution et donne un ton et un charme poétique à ces ballades dans les vides-greniers ou marchés asiatiques…

Un film duquel nous sortons avec l’envie folle de ne plus quitter cet univers où l’important est que cela marche n’est-ce pas ? Allez-y et d’une même envolée, redécouvrez Annie Hall, Manhattan, Play it again Sam, Radio Days… Woody Allen semble toujours aussi jeune !

Fiche Technique

Sortie : 01 juillet 2009

Avec Larry David, Evan Rachel Wood, Ed Begley Jr., Patricia Clarkson, etc.

Genre : comédie dramatique

Durée : 92 minutes