Willy Ronis, une poétique de l’engagement – Avis +

Présentation Officielle

Le Jeu de Paume, La Monnaie de Paris et la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine rendent hommage à Willy Ronis (Paris, 1910-2009), récemment disparu et dont 2010 marque le centenaire de la naissance, à travers une exposition rassemblant environ 150 photographies – tirages d’époque et tirages modernes supervisés par le photographe –, celles qui l’ont rendu célèbre dans l’histoire de la photographie, ainsi que d’autres images totalement inédites.

« Mes photos ne sont pas des revanches contre la mort et je ne me connais pas d’angoisse existentielle. Je ne sais même pas où je vais, sauf au-devant – plus ou moins fortuitement – de choses ou de gens que j’aime, qui m’intéressent ou me dérangent. » Pour Willy Ronis, la photographie n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’exprimer sa propre expérience des réalités sociales qui l’entourent. Qu’elles soient prises dans la rue, dans une usine, en pleine nature ou dans l’intimité, ses photographies constituent un recueil d’instants échelonnés sur l’ensemble de sa carrière de photographe, fondement de sa propre version du réel.

Avis de Nicolas

Parisiens, parisiennes, ou touristes passant par la capitale… Il ne vous reste que quelques jours pour visiter cette splendide exposition organisée en collaboration entre la Monnaie et le Jeu de Paume. Il fait moche et même si le soleil revenait, vous ne regretterez pas l’heure passée dans le Palais de la Monnaie, à mi-chemin entre le musée d’Orsay et la fontaine Saint-Michel.

Cette exposition célèbre – un an après le décès du maître – le centenaire de sa naissance. Un hommage posthume que le photographe humaniste avait lui même commencé à organiser depuis l’exposition de Arles, l’année dernière. La rétrospective parisienne élargit le nombre d’oeuvres exposées en présentant un côté plus social de son travail et probablement moins connu, couvrant ses voyages à l’étranger (RDA, USA, Londres, Espagne, Italie).

Willy Ronis a été plongé dans la photo très jeune, suivant les traces de son père qui était lui même photographe et possédait un magasin. Et c’est à la mort de ce dernier qu’il commence sa carrière de reporter. Son talent ne passe pas inaperçu et il travaille rapidement pour Rapho, l’agence de presse. Il pigeait pour des magazines de référence américains, et se brouille avec ces parutions qui ne lui laissaient pas le contrôle de ses légendes, voire qui modifiaient son cadrage pour en modifier le message.

Il se revendique très sympathisant avec la cause syndicale et ouvrière, mais il n’a jamais voulu s’engager dans le combat politique. Quand il saisit les manifestations, la difficulté du travail, la solidarité et l’amitié qui lie les ouvriers, il apporte le témoignage d’une époque, d’une condition. S’ajoute à l’hommage de ces tranches de vie ordinaire une force et une esthétique qui ont particulièrement touché le profane que je suis. Willy Ronis est un des plus grands photographes du XXe siècle et en s’immergeant dans son travail, on comprend aisément pourquoi. C’est au final les photos de ses amis célèbres qui m’ont le moins marquées (Prévert, Picasso, etc.).

Les œuvres présentées dans cette exposition sont extraites du leg qu’il a fait à l’état en 1983. De nombreux commentaires du photographe sont présentés en légende de ces images. On y découvre les circonstances de la prise de vue, ou même des détails techniques sur le tirage pour obtenir tel ou tel effet.

A voir… absolument… Ne traînez pas !

Fiche technique

Adresse : 11, quai de Conti, Paris 6e.

Horaires : mardi au dimanche de 11H à 19H, nocturne le jeudi jusqu’à 21h30. Fermé le lundi.

Tarifs : 7 € (réduit : 5€)

Catalogue coédition Democratic Books/ Éditions du Jeu de paume/Monnaie de Paris, 192 pages, 35 euros.

Interview des commissaires de l’expo (Marta Gili, directrice du Jeu de Paume)

Willy Ronis sur google images

La Monnaie de Paris 11, quai de Conti, 75006 Paris