Wonderland

Wonderland est un énième film sur une affaire criminelle nauséabonde qui prend place en Californie. D’aucuns l’avaient qualifiée à l’époque d’aussi abominable que le massacre de Sharon Tate et consort par les adorateurs de Charles Manson. La spécificité de cette histoire est qu’elle fait intervenir John Holmes, l’un des acteurs porno les plus connus notamment grâce à la longueur impressionnante de son outil de travail (pour les connaisseurs : 35 cm). Le pitch en deux mots : 5 personnes se font massacrer chez eux. L’enquête commence et mène rapidement vers un caïd de la drogue et une star du porno sur le déclin.

Ce que l’on retiendra du film (outre le suspens, pour peu que vous ne connaissiez pas l’affaire) c’est la maîtrise du réalisateur à nous présenter la fin des seventies, le début des eighties avec une pertinence de ton telle que l’on se remémore la lointaine innocence des sixties, la liberté sexuelle et comportementale des seventies et le début des années 80, plus sombre. La peinture sociale décrite semble outrancière, mais pourtant sonne à chaque moment juste. Nous nous trouvons à Los Angeles, dans le milieu de la drogue et du porno, le vice sous ses multiples formes y est ostentatoire et ce n’est pas la participation de Carrie Fisher en bonne Samaritaine recueillant les paumés en début du film qui y changera quoi que ce soit. Néanmoins, que les âmes sensibles se rassurent. Si c’est une histoire tragique et dure, elle reste toutefois transcendée par un sentiment noble : la fidélité.

Le coup de maître du réalisateur James Cox (outre ses talents de metteur en scène) est d’avoir réussi à imposer des acteurs reconnus mais peu connus dans des personnages en totale opposition avec ce qu’ils ont l’habitude de faire. Si c’est une chance pour eux de révéler leur talent, c’est pour nous un bain vivifiant qui donne un second effet Kiss Cool à la pellicule. Pour vous laisser le plaisir de la découverte on ne parlera que de Lisa Kudrow. Cette jeune femme est devenue célèbre grâce à son interprétation de Phœbe dans la série « Friends ». A ce jour, elle n’avait tourné que dans des films où elle reprenait peu ou prou la douce folie de son héroïne fétiche. Ici elle est la femme de John Holmes. Elle est discrète, désuète, aigrie mais néanmoins fidèle à l’amour qu’elle a portée à son mari. Physiquement, rien n’est fait pour la mettre en valeur, au contraire. Elle offre aux spectateurs un personnage vrai et, ce qui ne gâte rien, proche de la réelle Sharon Holmes (conseillère technique du film ainsi que Dawn Schiller).

Val Kilmer reprend par contre un rôle qui lui va bien : une ordure attachante. Il fait montre d’une sensibilité qui nous permet de mieux saisir le vrai Holmes. Les autres acteurs sont également excellents et d’autres clins d’œil (notamment avec Ted Levine) enchanteront les observateurs attentionnés. L’ensemble est harmonieux et donne une prestation originale, agréable, rassurante car on rencontre des têtes connues mais dérangeante car nous n’avons pas les repères repères habituels.

Définitivement une œuvre à aller voir pour prendre plaisir à vivre dans une époque révolue, pour réveiller notre mémoire télévisuelle et pour l’ensemble des éléments et talents qui en font un très bon film dramatique.