Ecrivain algérien d’expression française, Yasmina Khadra est l’un des romanciers-phare de sa génération, et l’un des plus doués. Ses œuvres ont été traduites dans plus de 22 pays.
Yasmina Khadra (qui signifie « jasmin vert ») est le pseudonyme de l’écrivain Mohammed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans la wilaya de Bechar dans le rude Sahara algérien.
Son nom de plume sont deux des trois prénoms de sa femme, (il lui rend ainsi un bel hommage, ainsi qu’à la femme algérienne comme une entité, c’est ainsi qu’il l’a publiquement exprimé).
Ce pseudonyme lui a dans un premier temps servi à cacher son identité pour échapper à la censure militaire, alors qu’il écrivait déjà tout en poursuivant sa carrière dans l’armée algérienne…
Son parcours est particulièrement atypique, dès l’âge de neuf ans, il rentre à l’Ecole des Cadets, l’apprentissage est dur, la séparation d’avec sa mère est traumatisante, mais viendra nourrir son œuvre future (La maîtresse en maillot de bain : Quatre récits d’enfance ; L’écrivain ; L’Imposture des mots)…
Yasmina Khadra raconte volontiers qu’il écrit depuis très longtemps, en français, bien qu’arabophone, car il vit la langue française « comme un mariage mixte qui se passe bien« .
Il ne renie pas pour autant son identité arabe et algérienne, « j’écris en français, mais à certains moments, on entend les Algériens parler. J’ai essayé de mettre en relief toutes les particularités algériennes« .
En effet, on « entend » parler algérien dans ses romans, l’auteur utilise souvent des mots du dialecte populaire algérien, des tournures de phrases propres à l’arabe et qu’il traduit mot à mot du français…cela donne une écriture à la fois dense, riche de sens et populaire… et qui est bien souvent très drôle à lire…
Yamina Khadra a écrit de nombreux livres, mais ses livres « de jeunesse » sont introuvables en France, il reconnait lui même que son style était assez faible à cette époque. Ils sont tout de même très poétiques malgré une complexité qui alourdit le style… [[La Foire des enfoirés, Le Privilège du phénix, De l’autre côté de la ville, El Kahira – cellule de la mort, La Fille du pont, Houria, Amen tous publiés en Algérie]]. L’écrivain se cherche encore…
Le Dingue au bistouri est écrit en 1993, Yamina Khadra ne sait pas encore à l’époque que son héros au grand coeur, le commissaire Llob, deviendra son personnage fétiche au point de revenir dans d’autres ouvrages comme Morituri, Double blanc ou encore La Part du mort, série de polars excellente, qui s’améliore à chaque tome…
La plume de l’auteur est incisive, il observe la société dans laquelle évoluent ses personnages avec tendresse et sévérité, le constat est dur, le pays va mal et ses citoyens sont dans un perpétuel combat…
Yasmina Khadra a écrit aussi des livres « plus personnels » sur des thèmes qui lui sont chers, traitant du combat de l’homme contre la guerre et pour la liberté, dans des oeuvres telles que L’Attentat, Les Sirènes de Bagdad, Les Hirondelles de Kaboul, ou encore Ce que le jour doit à la nuit, où il excelle à décrypter l’âme humaine…
Son dernier roman est L’Equation africaine, qui décrypte encore une fois les mécanismes perturbateurs qui font qu’un jour, contre toute attente, l’être humain se laisse aller à la dérive. Poignant.
L’écrivain est également actuellement le directeur du Centre culturel algérien à Paris et aussi responsable d’une nouvelle collection de romans maghrébins aux éditions Après la Lune.