Zazie dans le métro – Avis +

Présentation officielle

La fable fantaisiste et cruelle de Raymond Queneau, questionne notre rapport à la liberté, à l’enfance, au langage, à l’identité sexuelle à travers le regard incisif et décalé de la jeune Zazie…

Un regard qui fait mouche et révèle ce qui est confiné, verrouillé, souterrain (même le métro est en grève quand Zazie est là)… Partout les contradictions, la cruauté, les lâchetés et l’absurdité du monde des adultes.

Zazie, circule d’un monde à l’autre et débusque les vérités avec un mélange d’ingénuité, de séduction et de malice. C’est une passeuse de frontière. Le théâtre viendra encore mettre du jeu dans ce jeu. Un rêve éveillé que nous souhaitons partager avec vous et Zazie.

Avis de Claire

Une adaptation de Zazie dans le métro au théâtre ? Mais ça a déjà été fait au cinéma, non mais ! Plus sérieusement, ce n’est pas la première fois que ce roman culte est adapté pour la scène. Olivier Hussenot avait tenté l’aventure le 1er décembre 1959, au Théâtre des Trois-Baudets à Paris. Aujourd’hui encore, les aventures de la petite provinciale cambrousarde, à qui on ne la fait pas, plaisent toujours, près de 56 ans après leur première publication.

Pour cette nouvelle mouture, Sarah Mesguich a resserré l’intrigue (quelques personnages disparaissent, notamment ceux qui avaient des pensées philosophiques) et l’a, non pas mise au goût du jour (Zazie est par essence indémodable et intemporelle), mais fardée de petits éclats de contemporanéité. Exemple, Trouscaillon le flicmane-satyre et accessoirement maître du monde lit le dernier numéro de Charlie Hebdo. Mais encore ? Charles le Taxi et Turandot le barman s’encanaillent dans une parodie de mariage gay

Une certaine modernité donc, mais l’empreinte de la fin des années 50 se manifeste cependant de différentes manières. Inspirés par le cinéma et la photographie, la scène et les décors évoluent au gré de la fantaisie, des zig-zags et des états d’âme de l’héroïne, la fantasque Zazie, campée par une attachante Léopoldine Serre.

Les originalités de langage se perdent un peu à l’oral, malgré la prononciation souvent très orientée des comédiens, il peut donc être utile de connaître assez bien le texte originel pour capter quelques astuces, (savoureuses, cela va sans dire). On apprécie également de retrouver quelques scènes clefs du roman, comme la balade en taxi dans Paris ou la foire aux puces.

Zazie, gouailleuse à souhait, vulgaire -quand c’est nécessaire- n’a qu’un rêve pour son premier voyage à Paris : visiter le métro ! Mais pas de chance, il y a grève… Et la voilà partie, le temps d’un week-end, pour un voyage désopilant au coeur d’un Paris fantasmé, et même plus, lieu de tous les fantasmes. Si la pièce de théâtre ne possède pas tous les différents niveaux de lecture qui font la richesse du roman, elle s’en nourrit pour en restituer la quintessentielle et substantifique moelle.

Ainsi, les nombreux thèmes sulfureux qui jalonnent le livre de Queneau, et pas des moindres, et qui peuvent échapper à un lecteur inattentif, trouvent sur scène une truculente matérialisation grâce à une troupe dynamique et toujours juste. En raison de certaines scènes un peu explicites cependant, nous ne conseillons pas la pièce à un public trop jeune.

Fiche Technique

Théâtre le Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Jusqu’au 12 avril 2014

Avec (en alternance) : Joëlle Luthi, Léopoldine Serre, Jacques Courtès, Charlotte Popon, Amélie Saimpont, Tristan Willmott, Alexis Consolato, Alexandre Levasseur, Frédéric Souterelle

Du mardi au dimanche à 20h (sauf le dimanche à 17h)

Tarif : De 25 à 15 €

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